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Un apéro avec Charles Consigny : « Je parle à peu près comme Edouard Balladur »

Au commencement, le choix du bar. Toute une histoire. Le 20 septembre, à 17 h 05, Charles Consigny écrit : « Pourquoi pas Le Café Marly, ça a de la gueule. » A 17 h 07 : « Ou l’Hôtel Bulgari, mais c’est bling. » A 17 h 10 : « Ou chez Laurent ! C’est devenu assez glam… » Panique : « Je regarde si je n’ai pas une idée d’un truc plus détente ! » La veille du rendez-vous, l’avocat médiatique, chroniqueur anachronique et écrivain propose l’Hôtel Raphaël, « plus intemporel », « à moins que nous allions au Bristol ? », une autre institution de l’Ouest parisien. Il envoie une photo de la cave de sa grand-mère : « Le mieux, ça aurait été dans le Jura… »
Nous tranchons pour le restaurant Laurent, un ancien pavillon de chasse de Louis XIV, à deux pas de l’Elysée, où déjeune le gotha de la politique et des affaires. L’hôte des lieux, Tony Gomez, ex-figure des nuits gays parisiennes, faisait entrer le jeune Consigny à L’Etoile, boîte chic et fric des Champs-Elysées, quand il avait 16 ans. Il en a 35. Juché – en jean et baskets – sur un tabouret léopard, devant le bar, il commande un verre de bourgogne, rouge. On lui sert un pinot noir de l’Oregon. Déconfit : « Vous préciserez bien que j’avais commandé un vin français ? »
Entre deux émissions – il va aux « Grandes Gueules » une fois par semaine, sur RMC, a son rond de serviette sur BFM-TV –, Charles Consigny a trouvé le temps d’écrire un livre (Le Grand Amour, Plon, 266 pages, 21,90 euros), chronique littéraire d’une jeunesse envolée. Fils d’un publicitaire énarque de gauche et d’une cadre de la banque descendante d’une famille d’aristocrates vendéens, neveu de l’actrice Anne Consigny, il est né à Paris le 14 juillet 1989, jour du bicentenaire de la Révolution française. Il a 18 ans en 2007. « Je suis un garçon des années 2000 », dit-il, nostalgique d’une époque marquée par « la musique lounge, le son Bang & Olufsen, l’Hôtel Costes, les montres Rolex et Nicolas Sarkozy ». Un ange passe. Il insiste : « Oui ! Il y avait plus de joie et d’insouciance… Un capitalisme assumé ! Moins de leçons de morale ! Je ne me fais pas à l’époque contemporaine… »
L’avocat télégénique, beau brun au teint pâle, parle fort en détachant les syllabes, a des accents un peu traînants. « Je parle à peu près comme Edouard Balladur », convient-il. Dans son livre, il se met en scène en « type snob et déprimé » naviguant entre plateaux télé et lieux branchés (Paris, New York, Dubaï et Saint-Tropez… presque un cliché), jetant derrière ses « lunettes Saint Laurent » un regard vaguement ennuyé sur le monde. « L’énumération des marques, c’est du trente-sixième degré… », justifie-t-il, revendiquant cet « hommage » à son auteur fétiche, Bret Easton Ellis.
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